C’est un véritable choc entre Da-
vid et Goliath qui se disputera au
Country Hall de Liège ce di-
manche. La France, neuf mé-
dailles sur les huit dernières an-
nées, y défiera la Belgique, qui
attend toujours sa première qua-
lification pour un grand tournoi.
Mais les différences de niveau de
ces deux pays ne se situent pas
qu’en équipe nationale. En
France, par exemple, la D1 est
professionnelle là où tout est
amateur au Plat Pays. Zoom sur
ce handball belge qui a néan-
moins pas mal évolué depuis
son apparition au début des an-
nées 1920 et le lancement de la
D1 en 1957…
Cela fait désormais huit ans que
les Fédérations belge et néerlan-
daise ont décidé de créer une
compétition commune. «
La
BeNe League est parfaite pour les
clubs qui y sont : on vit enfin des
matches pleins pendant 60 mi-
nutes alors qu’en Belgique, on sait
parfois qu’un match est gagné
avant de le jouer
», assure Jean-
Luc Grandjean, ancien interna-
tional belge de handball pen-
dant une quinzaine d’années. Le
problème, c’est qu’un fossé se
creuse entre les équipes qui sont
en BeNe League et les autres : les
joueurs sont bien entendu plus
attirés par la compétition belgo-
néerlandaise. Pourtant, la BeNe
League n’est pas non plus le pa-
radis du handball… «
Au niveau
économique, ce n’est pas intéres-
sant
», affirme ainsi René Rou-
fosse, membre du comité du HC
Visé BM, qui vit sa première sai-
son à ce niveau. «
Les déplace-
ments en car à plus de 250 kilo-
mètres où seuls trois parents
viennent
supporter
l’équipe
s’élèvent parfois à 1.000 euros. Et
les
fans néerlandais ne
rap-
pliquent pas non plus chez
nous…
»
BUDGETS LIMITÉS
Parlons-en des finances des
clubs. «
Les clubs sont à 100%
amateurs
», informe Patrick Gar-
cia, le secrétaire général de
l’URBH. «
Le budget des plus gros
calibres belges s’élève maximum à
400.000 euros, il est donc très rare
qu’ils contractent des joueurs pro-
fessionnels étrangers.
» Vu le peu
de médiatisation du handball,
les spectateurs ne viennent pas
en masse au stade, les entrées ne
sont donc pas la principale
source de rentrées financières…
«
L’ADEPS et la Wallonie nous
aident un peu, mais il faut surtout
trouver des sponsors
», précise Re-
né Roufosse. Dans les années qui
viennent, l’URBH aimerait
tendre vers un statut semi-pro-
fessionnel et le prochain objectif
est d’amener chaque club de D1
à posséder un manager profes-
sionnel qui s’occupe du marke-
ting, des billets, etc. «
La Commu-
nauté flamande aide ses clubs
pour qu’ils arrivent à atteindre le
statut professionnel
», nuance
néanmoins Jean-Luc Grandjean.
«
Mais s’ils commencent à at-
teindre les 16 heures d’entraîne-
ment par semaine par rapport aux
huit habituelles en Wallonie, la
différence va être encore plus forte
entre le Nord et le Sud.
» Il faut
dire que sur les trois premières
divisions impliquant les clubs
belges (BeNe League, D1 et D2), il
n’y a que sept formations franco-
phones sur 20 possibles.
HC VISÉ MEILLEUR WALLON
Dans l’histoire du handball
belge, si l’Initia Handball Club
Hasselt (13), le Royal Olympic
Club Flémalle (11) et le Sporting
Neerpelt (10) sont les clubs les
plus titrés, il n’y en a pas vrai-
ment un qui a une plus grosse
renommée que les autres.
D’ailleurs, les résultats belges en
Europe n’ont jamais été flam-
boyants avec un 1/16
e
de finale
de Champions League comme
meilleure performance. L’Union
Beynoise, qui est le plus vieux
club du Royaume encore en acti-
vité, a néanmoins laissé depuis
quelque temps le titre de
meilleure équipe francophone
au HC Visé BM. Le secret de la
réussite ? «
Nous avons décidé
d’attirer également les meilleurs
liégeois chez nous
», glisse René
Roufosse. «
La qualité de l’équipe
a du même coup augmenté ce qui
est bénéfique pour fidéliser des
joueurs ou les attirer. Actuelle-
ment, il n’y en a plus que deux qui
sont issus de notre centre de for-
mation, mais c’est impossible de
faire autrement.
»
-
ÉMILIEN HOFMAN
L’ailier gauche germanophone Damian Kedziora.
© Aline Haquenne
C
e dimanche, l’équipe
nationale belge de
handball accueille le
mastodonte français.
Un choc de niveau pour notre
pays où ce sport évolue depuis
95 ans… très loin du profession-
nalisme.
Match de gala contre la France ce dimanche
HANDBALL
Le handball belge doit
écrire son histoire
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SAMEDI
5 NOVEMBRE 2016
La série télé « Les Experts » a désor-
mais 16 ans, soit huit de plus que
la terrible génération de handbal-
leurs français qui lui a emprunté
son nom. Née en 2008 à Pékin en
remportant la première médaille
d’or du handball français aux JO,
cette équipe va tout écraser sur
son passage dans les années qui
suivent. Au total : sept médailles
d’or, une d’argent et une de
bronze aux JO, en Coupe du
Monde et en Euro. «
On va avoir
quelque chose d’assez extraordi-
naire devant nous, ce sont quelques-
uns des meilleurs
joueurs du
monde
», s’émerveille Patrick Gar-
cia.
Ce dimanche à 15h30 au Country
Hall du Sart-Tilman de Liège, c’est
en effet contre la Belgique que les
Experts vont se produire. L’occa-
sion de se rappeler qu’il y a 21 ans,
les Français, tout juste auréolés de
leur premier titre de champion du
monde, avaient mordu la pous-
sière sur le parquet liégeois : 21-
20. Jean-Luc Grandjean y était.
«
On avait réussi un gros coup parce
qu’ils pensaient peut-être qu’ils al-
laient nous manger. Mais ici, ils sont
encore plus entraînés qu’à l’époque
et sont en pleine préparation du
Mondial 2017. Cela fait plus de dix
jours qu’ils se sont rassemblés en
stage, ils ne sont pas là pour rigo-
ler.
»
« ADMIRER DES STARS »
Ce match sera cependant une
bonne occasion pour le public
belge de (re)faire connaissance
avec le handball. «
C’est parfait
pour les enfants qui vont pouvoir
admirer des stars et pourquoi pas
avoir envie de se tester
», se réjouit
Jean-Luc Grandjean. Sans oublier
de parler de l’intérêt médiatique…
«
La VRT couvre tous nos matches
»,
explique Patrick Garcia. «
La RTBF
est également intéressée, mais plu-
tôt au cas par cas, comme cette fois-
ci. Maintenant, il ne faut pas s’ima-
giner que les droits télés concur-
rencent ceux du football !
» Un
constat bien malheureux d’après
Jean-Luc Grandjean : «
Quand je re-
garde des matches de Ligue des
Champions de handball, je peux
vous assurer qu’il y a autrement
plus de spectacle qu’en Jupiler Pro
League,
on
ne
s’ennuie
ja-
mais !
»
-
E.H.
« Les meilleurs joueurs du monde »
La France est peut-être l’équipe la plus forte de l’histoire du handball
Sorhaindo, Karabatic et Bingo hier soir à l’entraînement à Liège.
©A.H.
110
clubs, environ, sont affiliés à
l’Union royale belge de hand-
ball, qui s’occupe des compéti-
tions nationales. Il y a cinq
étages dans le handball belge
Le chiffre
3.700
tickets ont déjà été attribués
pour Belgique-France. La salle
pouvant accueillir 4.200 per-
sonnes, des tickets seront en-
core mis en vente le jour même
Le chiffre
11.000
affiliés en Belgique, chiffre en
augmentation ! Il y a une dizaine
de clubs dans les Provinces de
Namur et de Luxembourg, qui
n’en avaient jamais eus
Le chiffre
Mercredi dernier, l’équipe na-
tionale belge s’est déplacée en
Norvège pour y disputer son
premier match du troisième
tour des qualifications pour le
Championnat d’Europe 2018
en Croatie. Résultat : une dé-
faite 35-26. «
On a vu que c’était
quelque chose en face malgré
leur jeune âge
», glisse Jean-Luc
Grandjean. Mais restons posi-
tifs : c’est la première fois que la
Belgique est si proche d’une
qualification pour une grande
compétition. Pour en arriver à
ce dernier tour des qualifica-
tions, les Belges ont commencé
leur campagne en avril 2015 et
ont successivement éliminé
Chypre, la Grèce et la Turquie.
Pour réussir l’exploit de partici-
per à l’Euro, il faudra terminer
dans les deux premières places
d’un solide groupe constitué de
la Norvège (11
e
au classement
mondial), la Lituanie (22
e
) et la
France (1
re
). On parle bien d’ex-
ploit car les internationaux
belges sont presque exclusive-
ment amateurs, Thomas Cau-
wenberghs (US Ivry), Jef Lettens
(Cesson-Rennes
Métropole
Handball) et Thomas Bolaers
(BHB Handball) étant les seuls
pros. «
J’ai pris une semaine de
congé sans solde pour participer
aux premières rencontres
», a
ainsi avoué Damian Kedziora.
2022 ET 2025 DANS LE VISEUR
Dans l’effectif des Red Wolves -
il n’y a pas de signification par-
ticulière derrière ce surnom -
pas de vraie star mais une inspi-
ration : la génération 90, qui
avait réussi quelques bons ré-
sultats en profitant d’une base
de joueurs issus du club de Has-
selt. «
À l’époque, la Fédération
ne nous avait pas suivis
», re-
grette Jean-Luc Grandjean.
«
Mais ce n’est plus pareil désor-
mais et sous l’impulsion du pré-
sident Piet Moons, les choses
changent petit à petit.
» Depuis
quelques années, la Fédération
s’est ainsi professionnalisée,
s’est lancée dans le marketing,
dans des activités sponsors plus
concrètes, a lancé un partena-
riat avec la France, s’intéresse
plus aux jeunes, etc. Derrière ce
vent nouveau, un projet, celui
d’organiser l’Euro 2022 conjoin-
tement avec la France et l’Es-
pagne. «
En 2025, nous voulons
prendre part au Championnat du
Monde
», a également expliqué
Piet Moons en conférence de
presse. «
Et en 2028, éventuelle-
ment en 2032, nous souhaitons
participer aux Jeux Olympiques.
»
Un plan raisonnable en théorie,
mais pourra-t-il trouver son pu-
blic en Belgique ? «
J’ose croire
en ce projet
», confie René Rou-
fosse. «
Mais je ne suis pas le plus
optimiste. Quand on voit la diffé-
rence de ferveur entre les Pays-
Bas où il peut y avoir 300 per-
sonnes pour un match de BeNe
League et chez nous où on est
content quand il y en a 80, ce
n’est
pas
fort
encoura-
geant…
»
-
E.H.
Les Red Wolves sont face à leur destin
Arber Qerimi, capitaine.
© A.H.