I
l est arrivé à Paris en dau-
phin, il rentre à Londres en
roi ! Un souverain « par dé-
faut », prétendront certains, ar-
guant que la première place
mondiale a été désertée par les
blessés de longue date, Federer
et Nadal, et le déclin de Djoko-
vic, délogé de son piédestal après
y être resté pendant plus de deux
ans. Andy Murray n’a cure de ces
remarques, lui qui aura attendu
au pied du trône plus que n’im-
porte qui. Depuis 2009, il a pas-
sé 76 semaines à la deuxième
place mondiale, en plusieurs
phases, derrière ses trois grands
rivaux qui gardaient jalouse-
ment ce trône depuis 2004,
avant de les dépasser. Enfin !
«
J’aurais aimé décrocher cette
place de numéro 1 sur le court
(NDLR : il l’a obtenue samedi
grâce au forfait de Milos Raonic,
en demi-finale à Paris-Bercy)
,
mais c’est l’aboutissement de
nombreuses années de travail
»,
souriait-il après avoir soulevé,
dans la Ville Lumière, le hui-
tième titre de sa saison (il a battu
Isner en finale : 6-3, 6-7 (4),
6-4), son… quatrième de suite
après Pékin, Shanghai et Vienne.
L’homme de cette (fin de) sai-
son, c’est bien Murray, qui a ga-
gné, depuis la mi-juin, 46 de
ses… 49 derniers matchs, effa-
çant le retard de 8000 points ( !)
qu’il accusait, à l’époque, sur No-
vak Djokovic.
« Je n’imaginais pas être
n°1 un jour »
Longtemps qualifié de « lo-
ser », après avoir notamment
perdu ses quatre premières fi-
nales en Grand Chelem, l’Ecos-
sais a su se montrer patient, de-
venant, à 29 ans, 5 mois et 23
jours, le 26
e
numéro un mondial
depuis la création de l’ATP mais
aussi le deuxième plus vieux
joueur à s’installer, pour la pre-
mière fois, sur le toit du monde
tennistique, derrière l’Australien
John Newcombe (30 ans et 11
jours, en 1974). «
Quand j’ai dé-
buté sur le circuit professionnel
(NDLR : en 2005),
je n’imagi-
nais pas être numéro 1 un jour.
Je n’y avais jamais pensé. C’était
plus quand je jouais au foot ou
quand je faisais de la lutte avec
mon frère, on s’ima-
ginait qu’on allait
devenir
cham-
pions du monde
mais pas en ten-
nis. Il va falloir
que je trouve un
nouvel objectif, qui va continuer
à me motiver et à progresser…
»
S’installer durablement à cette
place de n°1 mondial peut en de-
venir un. Avec 405 points
d’avance, il se trouve, déjà, sous
la menace d’un Djokovic sans
doute touché dans son orgueil et
qui pourrait reprendre son bien
dans
deux
semaines,
à…
Londres, devant un public bri-
tannique qui aura à cœur de sa-
luer son héros.
Rivaliser, définitivement, avec
ses rivaux, peut, également
constituer la nouvelle ambition
de l’Ecossais. S’il les devance, au-
jourd’hui, au classement mon-
dial, il reste dominé dans ses
duels, tant par son nouveau dau-
phin Djokovic (10 victoires pour
24 défaites), que par Federer (11-
14) et Nadal (7-17).
Avec trois titres du Grand
Chelem, deux titres olympiques
en simple, quatorze succès en
Masters 1000, une Coupe Davis,
décrochée il y a douze mois en
Belgique, et, désormais, une
place de numéro un, Andy Mur-
ray grimpe, doucement, patiem-
ment, dans la hiérarchie des plus
grands joueurs de tous les temps.
«
Devenir n°1 mondial, c’est la
plus grande joie de ma carrière !
,
tranchait-il.
Les gars qui sont
autour de moi ont rendu cette
quête très difficile. Pour parvenir
au sommet, j’ai dû gagner telle-
ment de matchs et aller au bout
de la plupart des tournois que
j’ai disputés… Je vais essayer de
profiter de cette première place
au maximum,
parce que
je pourrais la
perdre et ne
plus
jamais
l’obtenir à nou-
veau…
»
■
DAMIEN
PONCELET
La consécration du patient écossais
TENNIS
Andy Murray, vainqueur à Paris-Bercy, devient ce lundi le 26
e
n°1 mondial
Andy Murray
a remporté à Paris
son 8
e
titre de la saison.
L’Ecossais était assuré
depuis samedi
de devenir le nouveau
number one.
Andy Murray détrône Djokovic ce lundi au faîte de la hiérarchie mondiale.
© PHOTO NEWS.
*
22
Le Soir
Lundi 7 novembre 2016
22
LES
SPORTS
C
’est un événement, une révo-
lution qui va bousculer la
planète tennis, déjà retournée
par l’arrivée de son nouveau roi,
Andy Murray. Pour la première
fois depuis le 13 octobre 2002,
soit… 5139 jours (ou 14 ans et 25
jours), Roger Federer n’apparaî-
tra pas, ce lundi, parmi les dix
meilleurs joueurs de la planète.
La perte des points décrochés il y
a douze mois à Paris (90) et, sur-
tout, auMasters (1000), entraîne
la chute (attendue) du roi déchu,
désormais 16
e
au ranking ATP et
dépassé par la jeune génération
qui prend les traits de Kyrgios,
Pouille ou…Goffin.
Depuis sa défaite en demi-fi-
nale à Wimbledon, face à Milos
Raonic, le Suisse n’est plus appa-
ru sur un court, stoppé net par
une blessure au genou gauche qui
l’avait contraint à faire une croix
sur les six derniers mois de l’an-
née. A l’époque, il pointait encore
au 3
e
rang, derrière Djokovic et
Murray et personne ne pensait le
voir dégringoler à ce point en
2016. A partir de ce lundi, pour-
tant, son compteur est (tempo-
rairement ?) bloqué à 734 se-
maines de suite (744 en tout) au
cœur du Top 10 (dont 302 à la
première place mondiale, et 627
sur le podium), abandonnant
tout espoir de battre le record de
Jimmy Connors (788 semaines
consécutives, 817 en tout).
La fin d’une ère
Cette année, il a enchaîné les
grandes premières dont il se se-
rait bien passé : première saison
sans titre depuis 2000, premier
Grand Chelem manqué (US
Open) depuis 1999, première sai-
son sans finale en Masters 1000
depuis 2001 et, donc, première
sortie du Top 10 depuis 2002. La
fin d’une ère, assurément.
Voilà pour les chiffres qui reste-
ront gravés dans les livres d’his-
toire. Il reste les interrogations.
Elles sont nombreuses mais do-
minées par la principale : Fede-
rer pourra-t-il, un jour, retrouver
ce Top 10 ? A 35 ans, le temps
presse. Il a déjà fait de l’Open
d’Australie un véritable objectif
et de… Nadal une source d’inspi-
ration pour rebondir. «
Je ne sais
pas comment cela va se passer
quand je reviendrai, mais il l’a
fait un million de fois, il peut
m’inspirer, c’est sûr. Il revient
toujours avec facilité. Je sais que
ce n’est pas facile mais la façon
dont il retrouve à chaque fois le
Top 10, le Top 5 ou même la place
de n
o
1, je vais essayer de faire la
même chose et de réfléchir là-des-
sus quand je reviendrai en jan-
vier.
»
S’il a quitté le gotha tennis-
tique, c’est uniquement parce
que son corps l’a lâché… pour la
première fois de sa carrière,
longue de 18 années. S’il évite les
blessures durant les 12 prochains
mois, il devrait, donc, pouvoir re-
trouver une place digne de son ta-
lent, malgré un retard de 900
points par rapport à Berdych, ac-
tuel 10
e
mondial. «
J’espère avoir
encore de nombreuses années de
tennis devant moi
», lance-t-il.
Et dans le Top 10, si possible…
■
D.Ptfin de série
Federer 5.139 jours dans le Top 10 mondial
Federer, en 2016, a enchaîné
des grandes premières dont
il se serait bien passé.
© BELGA.
Belgique
37
France
38
Belgique :
Lettens (59‘), Denert (1‘) ; Ooms 5,
Spooren, T. Bolaers 3, C. Glesner, Cauwenberghs
4, Robyns 2, Houbrecht, Danse, D. Kedziora 8, B.
Kedziora 4, Vancosen, N. Bolaers, Qerimi 7, De
Beule 4.
France :
Dumoulin (10‘), Gerard (50‘) ; Remili,
Bingo, N. Karabatic 4, Mahe 12, Grebille,
N’Guessan 8, Abalo 3, Sorhaindo 4, L. Karabatic,
Fabregas, Dipanda 2, Porte 5, Lenne, Mem.
S.I. :
10
e
(8-8) ; 20
e
(14-14) ; 30
e
(19-17) ; 40
e
(27-25) ; 50
e
(32-31)
Exclusions :
5x2’ à la Belgique ; 3x2 à la France
Arbitres :
MM. Sigurjonsson et Petursson
Q
uel spectateur parmi les
quatre mille (record battu
en Belgique) qui garnis-
saient le Country Hall de Liège
aurait misé sur un pareil résul-
tat ?
Personne quand on sait que
les « Experts » avaient atomisé
la Lituanie jeudi (37-20).
Mais les hommes du tandem
Dinart/Gille ont tremblé durant
tout le tour d’horloge, les « Red
Wolves » leur offrant une résis-
tance de tous les instants grâce
à un dispositif tactique bien
huilé. Ils ont ainsi parfaitement
utilisé la nouvelle règle du sur-
nombre.
La star française, Nikola Ka-
rabatic, le reconnaissait sporti-
vement après la rencontre.
«
Chapeau les Belges ! Ils ont
réalisé une superbe prestation.
On n’a jamais su trouver de so-
lutions à leur 7
e
homme au ni-
veau offensif. De plus, ils
avaient pas mal de réussite
dans leurs tirs
».
Deux buts d’avance au repos
Dès l’entame de ce match, on
a senti les hommes de Yérime
Sylla très concentrés sur leur
sujet avec un excellent Qerimi.
Le capitaine était tout aussi
performant à la distribution
qu’à la conclusion où il distillait
des « caviars » à Ooms et à ses
ailiers.
Du coup, nos compatriotes
répondaient du tac au tac (15-
15 à la 22
e
) aux velléités des Tri-
colores au grand bonheur du
public qui n’était pas au bout de
son bonheur. Que du contraire,
les Belges par Cauwenberghs,
Qerimi, encore et De Beule se
détachaient en vue du repos :
19-17 ! On pouvait craindre que
la débauche des efforts phy-
siques allaient à être la perte de
nos compatriotes.
Qerimi a vu rouge
La réponse est totalement né-
gative car leur collectif faisait
des merveilles au point de gar-
der le commandement par De
Beule, les frères Bolaers et Cie
jusqu’à la 50
e
(32-31). C’était le
moment clef du match. Le
corps arbitral sanctionnait trop
sévèrement un contact de Qeri-
mi sur Porte. Il recevait le bris-
tol rouge !
Dès ce moment, on assistait à
un mano à mano dans une am-
biance de folie jusqu’à 25 se-
condes du terme, moment où
N’Guessan brisait le beau rêve
des Red Wolves : 37-38… Aussi,
la déception est grande dans le
camp belge à l’image du coach
national.
«
Je ne suis naturellement pas
satisfait du résultat mais je
suis par contre très fier de mes
joueurs. Les grosses nations ont
toujours un avantage mais elles
n’en sortent pas grandies
» fai-
sant allusion à certaines déci-
sions arbitrales…
Quant à Nathan Bolaers, un
des pivots, il affirmait «
C’est
une cruelle déception après
avoir frôlé l’exploit pendant 60
minutes. Nous avons trouvé
énormément de solutions en at-
taque pour trouver à 37 re-
prises les chemins du but de la
1
re
nation mondiale ! Ce match
constitue une véritable propa-
gande pour le jeu à 7 dans
notre pays. Si cette partie ne
prouve pas que notre discipline
est sérieuse alors je me demande
ce qu’il faut faire. »
■
PAUL MONET
Les « Red Wolves » ont frôlé l’exploit face aux « Experts »
HANDBALL
La France s’est imposée sur le fil à Liège contre la Belgique en éliminatoires de l’Euro 2018
Les Belges ont vendu chèrement leur peau face aux illustres
« Experts » français.
© JULIENWARNAND/EPA.
RÉSULTATS
MASTERS 1000 DE PARIS-BERCY (dur indoor)
Demis.
Isner (USA) b. Cilic (Cro/N.9) 6-4, 6-3 ; Mur-
ray (GBr/N.2) b. Raonic (Can/N.5) forfait.
Finale.
Murray (GBr/N.2) b. Isner (USA) 6-3, 6-7 (4),
6-4.
76
Depuis 2009, Andy Murray
est resté 76 semaines
à la 2
e
place mondiale.
Aucun joueur n’avait attendu
aussi longtemps avant de
grimper à la première place.
LE CHIFFRE