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HANDBALL
LA DERNIÈRE HEURE - LES SPORTS
I
VENDREDI 27 JANVIER 2017
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Ils sont fous, ces gardiens
PAR NATHALIE DUMONT
EN MATCH
Attaque placée, contre-at-
taque, jet franc, jet des 7 m:
les possibilités d’alerter le
gardien sont multiples.
“Quand on voit le joueur
arriver vers nous, il faut rapidement analyser le coup, le dernier
appui, comment il se positionne. Il faut alors se placer en fonction
de l’orientation de leur bras”,
explique l’Irréductible Cessonnais.
“Évidemment, tous ces joueurs, on les analyse en vidéo avant le
match et on s’imagine alors avant le tir ce qu’il pourrait exécuter.
L’expérience permet d’emmagasiner toutes sortes de possibilités. Tu
peux souvent anticiper mais il y a des joueurs qui nous posent de
toute façon des difficultés. Les Hansen, les Narcisse, tu sais ce qu’ils
peuvent faire et ce qu’ils vont faire. Le Danois avec un bras bien
précis. Le Français, tu sais qu’il va y aller en un contre un mais il
arrive à s’imposer. Malgré toute la préparation, ça rentre quand
même.”
“Analyser
rapidement”
ENTRAÎNEMENT
À l’échauffement avant un match, les gardiens sont pleinement
associés au reste de l’équipe, se mettant dans le rythme lors des
tirs par les joueurs de champ. C’est différent en semaine.
“L’en-
traînement est en effet plus spécifique. On développe quelques
mouvements. Un gardien doit être flexible, souple, élastique. On
fait des exercices d’étirements, des appuis vifs. On travaille la
coordination balle-œil/bras-pied. Ce dernier aspect doit être excel-
lent en match en plus de la coordination avec la vitesse.”
“Il est spécifique”
QUALITÉ INDISPENSABLE
En dehors du talent qu’il faut et du travail à abattre pour
évoluer au niveau des Mondialistes actuellement en France, il
faut évidemment avoir d’autres qualités.
“Le mental, c’est le
plus important”,
souffle Jeff.
“Face aux stars du hand, il y a
parfois un jeu avec eux. Tu dois leur faire savoir que tu es là. C’est
un peu de l’intox en fait. Tu peux développer ton physique, tu
peux améliorer ta technique ou l’aspect tactique mais si tu es
fragile dans la tête, cela n’ira pas. D’ailleurs, si je dois prendre une
seule chose à Thierry Omeyer, ce serait son mental ! Contre la
Suède, il n’a peut-être pas fait le match de sa vie
(NdlR : deux
arrêts sur 15 tirs avant d’être remplacé par Vincent Gérard)
mais il est toujours là !”
“Le mental,
c’est le plus important”
LE STYLE
Comme souvent, chaque gabarit a
son propre style et ses propres
spécificités.
“Les gardiens plus
grands jouent plus sur leur posi-
tion, leur placement. Les petits
seront eux plus explosifs pour leurs parades. Ils doivent bouger
un peu plus. Il y a plusieurs écoles en fait. La scandinave par
exemple avec des parades glissées sur le sol alors que les autres
passeraient les jambes. Les anciens Yougoslaves de leur côté
étaient forts sur les parades à 6 m, forts avec la main et très
rapides”
, explique Jeff Lettens.
“Le meilleur reste de toute
façon Thierry Omeyer. C’est le plus complet et celui qui a le
plus de talent.”
“Omeyer,
le meilleur”
LES STATISTIQUES
Les statistiques sont toujours une donnée très prisée par les joueurs et le staff
pour préparer ou pour un analyser un match. Les gardiens n’échappent pas à la
règle.
“Quand on termine avec 30 %-40 % d’arrêts, c’est déjà un bon match. Au
dessus, c’est un très bon match alors qu’en dessous de 30 %, évidemment, c’est
plus compliqué. Par contre, au dessus des 50 %, c’est un super match. Il ne
faut pas toujours se focaliser là-dessus non plus. Je tourne à une moyenne de
30 % mais si je suis en dessous, cela ne me trotte pas dans la tête. Si je
réussis les trois derniers arrêts, les plus importants, cela me va aussi. Le
tout est de réaliser les arrêts au bon moment.”
“50%, un super match. Mais…”
“Il ne faut pas
AVOIR PEUR
”
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Jeff Lettens,
le gardien
des
Red Wolves
,
nous explique
les facettes
de ce poste
122
Il n’est pas rare de voir
les tirs dépasser la barre
des 100 km/h. Le
Bild
avait estimé la vitesse
de l’Allemand
Lars Kaufmann
en 2007 à 122 km/h.
:
Thierry Omeyer est toujours là,
passé 40 ans.
©
PHOTO NEWS
chambre de l’élite française à Saran), il affronte ces stars
du Mondial en France qui déboulent pour envoyer un
boulet de canon à bout portant et qui pourraient en ef-
frayer plus d’un.
“Chaque gardien a déjà pris une balle en
pleine figure. Cela fait partie du job. Évidemment, ça fait
mal sur le coup mais il ne faut pas avoir peur. Commencer jeune
dans les buts permet de mieux appréhender cette crainte avec le
temps. Cela devient plus facile.”
Décryptage.
A
Le poste de gardien est souvent à part. Lui peut se permettre des
gestes que les joueurs de champ n’oseraient même pas essayer. En
handball, devant une cage si petite, ils sont très souvent canardés
par des monstres physiques à la puissance incroyable et voient les
balles arriver à toute vitesse.
“Oui, on est un peu fou”
, sourit Jeff Let-
tens.
“Mais juste sur le terrain.”
International belge, le Limbour-
geois de 25 ans a rejoint cette saison Cesson-Rennes en D1 fran-
çaise où chaque semaine (après une première saison dans l’anti-