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LeSoir

Vendredi31mars2017

10

LA

SOCIÉTÉ

FOCUS

J

e suis considérée comme quel-

qu’un de “bossy”, comme une

femmequiades c…»

Quand on demande à Laurence

Rase quelles sont les raisons de sa

réussite, elle n’hésite pas à aller

droit au but. A près de 40 ans

– elle les fêterace4avril–, laMon-

toise est l’une des femmes qui

comptent dans le paysage sportif

belge.Depuis2010, elleoccupe les

fonctions de «topsport manager»

(directrice technique) à la Fédéra-

tion flamande de taekwondo, une

position qui lui a permis de sortir

son sport de l’anonymat grâce aux

résultatsqu’elleaobtenusetquine

sont pas restés inaperçus. La

preuve par l’augmentation de

33,7% des moyens qui lui sera al-

louée en 2017 par le ministère fla-

manddesSports.

Féministe affichée, elle se sou-

vient qu’à l’époque où elle était

elle-même athlète, il n’y en avait

que pour les hommes dans les

compétitions de taekwondo. Ses

combats à elle se déroulaient en

avant-programme,

«en

guise

d’apéritif». «A un moment, je me

suis dit que je ne voulais pas être

une simple chauffeuse de salle.

Mais pour y arriver, j’ai dû bosser

deux foisplusqu’unmec!»

Bosser

et aussi passer au-dessus d’un

sexisme ambiant qui existait dans

son milieu,

«ces remarques gri-

voises et ce voyeurisme halluci-

nant que l’on retrouvait aussi

dans certains médias, où on insis-

tait plus sur ma belle gueule que

surmes résultats…»

«Pasmalde résistance

audébut»

Elle rappelle qu’à son arrivée à

son poste actuel, elle a fait froncer

pas mal de sourcils, principale-

ment parce que sa fonction impli-

quait la gestion des équipes mas-

culines,

«une frontière difficile à

franchir». «Il y a eu pas mal de

résistance au début. On avait du

malà croirequ’une femmepouvait

êtreunebonne technicienne. Il faut

dire aussi que le taekwondo avait

une réputation calamiteuse…»

Aujourd’hui, le vent est en train

de tourner. Selon elle, sa fédéra-

tion mondiale a même montré

l’exempleauxderniersJeuxdeRio

en sélectionnant 15 arbitres mas-

culinset 15arbitres féminines.

L’une des priorités de Laurence

Rase dès sa nomination a été de

prôner

cette

même

parité

hommes-femmes et de tout faire

pour la développer.

«Longtemps,

en Belgique, il y a eu un manque

d’opportunismede lapartdes fédé-

rations qui n’investissaient que

dans les hommes alors qu’il y a

plusdepossibilitésdebrillerà l’in-

ternationalducôté féminin.»

L’un

de ses autres combats a été de lut-

ter contre le «dropout» des ados

entre 14 et 16 ans, principalement

celles d’origine étrangère,

«quand

elles développent d’autres intérêts

et sont moins stimulées par leur

entourage familial pour des rai-

sons culturellesou religieuses».

Sielleest l’unedes rares femmes

àsonposteenBelgique,c’est,selon

elle,parcequebonnombred’entre

elles

manquent

encore

de

confiance en leurs moyens.

«Elles

ne savent pas se vendre, ne sont

pas suffisamment sûres d’elles, au

contraire des hommes. Selon une

étudeque l’onm’a rapportée,on re-

trouve cette attitude chez les plus

jeunes,dès lacourderécréation,où

Laurence Rase

« Il faut qu’elles saisissent leur chance »

Laurence Rase est l’une des femmes qui comptent dans le sport belge. L’une des rares...

©DOMINIQUEDUCHESNES.

V

endredi 2 juin, lors de son as-

semblée générale élective, le

conseil d’administration du

Comité olympique et interfé-

déral belge (COIB) devrait ra-

dicalementchangerdevisage.Envertude

son règlement interne, 5 de ses 17

membres actuels, qui auront aligné cinq

mandatsde4ans,nepourrontplus se re-

présenter. De quoi permettre – enfin – à

cette institutionplusquecentenairedese

féminiseretdecompterplusque les trois

pauvresadministratricesactuelles?C’est,

paraît-il, le souhait du président Pierre-

Olivier Beckers qui a fait passer le mes-

sage à toutes les fédérations censées pré-

senterdescandidat(e)sà l’AG.

Cet appel n’est pas qu’une simple pos-

ture.A l’heureactuelle, leCOIBest,enef-

fet, en totale contradiction avec les vœux

du Comité international olympique

(CIO)quivientde lancerunprojeten fa-

veurde l’égalitéhommes-femmesdans le

sport, tant sur l’airedecompétitionqu’en

dehors de celle-ci. Sa manœuvre de rat-

trapage, si elle réussit, pourrait lui éviter

de continuer à montrer le mauvais

exempleenBelgique.

«Il y a une fenêtre d’opportunité

, in-

siste Thierry Zintz, vice-président (sor-

tant) du COIB et titulaire de la chaire

olympique à l’UCL, où il est spécialisé

dans le management des organisations

sportives.

Maispourcela,ilfautque lesfé-

dérations,

dont

nous

dépendons,

bougent.»

Or, celles-ci, dans leur grande

majorité,continuentde faireplutôt le jeu

deshommesquedes femmes.Unexamen

de la composition des différents conseils

d’administration aux niveaux national,

francophone et flamand des fédérations

de sports olympiques belges montre qu’à

peine 18,5% de femmes y trouvent une

place… soit, à une unité près, le même

pourcentage qu’au COIB. Un rapport

pour lemoins interpellant.

Une grande disparité

nord-sud

Cechiffredoitcependantêtreajustéen

fonction de leur niveau de pouvoir et de

leurappartenance linguistique.Ainsi, les

CA des fédérations nationales ne

comptent que 12,5% de femmes mais

sont peu représentatifs car bon nombre

d’entre eux sont de simples «assem-

blages» de petits comités des deux ailes

régionalesetnesontpastouspasséspar la

voiedesurnes.En

revanche,quandon se

penchesur leniveaurégional,onconstate

que la différence est très marquée entre

les fédérations francophones (29,1% de

femmes en moyenne) et les fédérations

flamandes(11,9%).

Cette disparité s’explique par la diffé-

rence philosophique qui régit la régle-

mentationen lamatièredesdeuxcôtésde

la frontière linguistique. En Fédération

Wallonie-Bruxelles, ledécretde2006vi-

sant l’organisation et le subventionne-

ment du sport indique, dans son article

15, qu’

«au sein de l’organe de gestion

(d’une fédération), ilnepeutyavoirplus

de 80% d’administrateurs du même

sexe»

,toutenprécisantquecertainesdis-

penses peuvent être accordées. En

Flandre, letoutrécentcodedebonnegou-

vernance des fédérations sportives in-

voque plutôt des «principes»; l’un

d’entreeuxprécisequ’une fédérationdoit

simplement

«rechercher»

une composi-

tion différenciée de son CA en termes de

sexe, d’âge et d’ethnicité, sans que ce soit

contraignant.

«Nouspréféronsstimulerplutôtqu’im-

poser

, justifiePhilippeMuyters(N-VA), le

ministredesSports flamand.

Ilne faitau-

cun doute qu’une grande diversité (dans

unCA) constitueunevaleurajoutéemais

nousmisonsplutôt sur ladifférenciation

des compétences en fonction des vrais be-

soins selon une certaine logique et des

règlesdebonne

gouvernance.Je

suisbien

conscientqu’iln’estpas toujours facilede

trouver les bonnes personnes pour les

postes en souffrance. Alors, avant de pé-

naliseréventuellement les fédérationssur

leplan financier–20%des subsides sont

liés à ce code–, nous faisons en sorte que

notre jugement repose sur l’ensemble des

principes que nous avons édictés plutôt

quesurunseuld’entreeux.»

Cette attitude plus «souple» a forcé-

ment des conséquences sur la composi-

tiondes conseilsd’administrationdes fé-

dérations sportives du nord du pays. Pas

moins de 12 d’entre elles, et non des

moindres, ne comptent ainsi pas une

seule femme en leur sein: le basket-ball,

le cyclisme, le football, l’haltérophilie, le

handball, la natation, le patinage de vi-

tesse, le rugby, le tennis de table, le tir à

l’arc, la voile et le volley-ball. C’est d’au-

tant plus étonnant quand, comme dans

cette dernière ligue, un peu plus de 63%

desaffiliéessontdes femmes!

«C’est exact…

, admet, un peu dépité,

Jean-Paul De Buysscher, le président de

VolleyVlaanderen.

Achoisir,ilestévident

que nous féminiserions notre CA. Mais

nous dépendons des provinces qui y en-

voientchacunedeuxreprésentants…mais

jamaisde femmesparcequ’iln’yapasde

candidates. On pourrait, bien sûr, impo-

serdesquotasmaisnoussommesdéjàtrès

heureux de trouver des volontaires mas-

culins pour un job qui, je le rappelle, est

toutà faitbénévole…»

Machisme, quand

tu nous tiens…

Cesquotas,pourtant, font

leureffet.En

FédérationWallonie-Bruxelles, seules les

fédérations de boxe et de rugby – cette

dernière avec demande de dérogation –

ont moins de 20% d’administrateurs du

même sexe (de femmes en l’occurrence).

C’est également le cas de l’Association

francophone belge de golf, dont le nou-

veau conseil d’administration compte 10

hommes… et aucune femme, mais

comme elle n’est pas reconnue par la

Communautéfrançaise,ellen’estpassou-

mise aux mêmes prescrits que ses

consœurs.

«Ce chiffrede29%de femmesdans les

conseilsd’administration,c’estunbondé-

butmaisonpeutmieux faire

, insisteRa-

chidMadrane(PS), leministredesSports

francophone, qui avoue rêver de

«pari-

té»

à terme.

Dans toutes les structuresde

la société, ilya encoreunereprésentation

inégalitaire et le sport n’échappe pas à la

règle.Jesaisquecen’estpassimple,que les

bonnes volontés sont difficiles à trouver,

mais il faut continuer les efforts déjà en-

trepris. Les quotas, c’est un geste impor-

tantpourréaliser lesobjectifs. Il fautque

la puissance politique donne un coup

de pouce, qu’elle soit dans l’incitatif.

En insistant sur la parité, on favo-

rise la bonne gouvernance parce

que celle-ci permet d’avoir des ap-

prochesdifférentesetplusriches.»

Si lecheminest longàrattraper,

c’est aussi parce que le sport a

longtempsétéunmilieumachiste

et traditionaliste, particulière-

ment rétif au changement.

«Ce

n’est pas propre à la Belgique

, rap-

pelleThierryZintz.

Leshommesont

longtemps eu le contrôle sur les fonc-

tions dirigeantes dans le monde du

sport et ont opposé une résistance fa-

rouche au renouvellement.»

Ce ne sont

pourtantpas,selon lui, lescandidatesqui

manquent.

«J’aipu leconstaterau fildes

ans tant à l’université, où il y a plus de

filles que de garçons, qu’à l’Académie

olympique

,ajoute-t-il.

Mais j’aiaussi re-

marquéquen’émergeaientquelesgensqui

avaient fait un parcours initiatique

(dans lesport).Laquestionestdesavoirsi

on donne la possibilité aux femmes de le

faire…»

Dominique Gavage se l’est souvent po-

sée.Cetteavocatebruxelloise,quia lapar-

ticularitéuniqued’êtreà lafoisvice-prési-

dente de la Ligue francophone d’athlé-

tisme, secrétaire générale de la Fédéra-

tion francophone de gymnastique et

administratrice du COIB, rappelle que,

dans la première de ces trois fonctions,

rienn’a été simple.

«Ilm’estarrivéd’être

miseà l’écartdans laprisedecertainesdé-

cisions parce que j’étais une femme

, sou-

tient-elle.

Et j’ai entendu dire, quand

d’autres femmesont été éluesauCAaprès

moi

(NDLR:ellessontdésormais4sur13

à laLBFA)

quenousprenions laplacedes

hommes!C’est encoreunmonde trèsma-

cho,avecunespritd’arrière-garde.»

Les femmes présidentes se comptent

d’ailleurssur lesdoigtsd’unemainenBel-

gique. Au niveau national, on en recense

trois, aux fédérations d’aviron (Gwenda

Peeters) etdebobsleigh (HannaMariën)

etauComitéparalympique (Anned’Iete-

ren, également présidente de Ligue han-

disport francophone), et au niveau fran-

cophone, deux, aux fédérations de voile

(Marie-Blanche Wiame-Rouchet) et de

gymnastique (JacquelineHerbrand-Qui-

rin).

La charge familiale reste

un frein

Pourcettedernière, l’arrivéeà la têtede

la FFG a été le fruit d’une certaine lo-

gique.Dansune fédérationoù les femmes

sont très majoritaires avec 78,9% d’affi-

liéeset6membresduCAsur9,elleafran-

chi les étapes une à une – juge, respon-

sable technique provinciale, administra-

trice et enfin présidente.

«Dans ma vie

professionnelle, j’étais indépendante,

donc j’avais une certaine souplesse

,

ajoute-t-elle.

J’ai aussi eu la chance

d’avoir toujours été jugée surmes compé-

tences.»

Si la prise de responsabilités des

femmes est encore aussi anecdotique,

c’estégalementen raisonde leursobliga-

tions familiales, toujours pas suffisam-

ment partagées, qui prennent le pas sur

tout le reste. Celles qui ont des (jeunes)

enfantspeuventdifficilement se libérerà

desheures souvent indues siellesne sont

pasaidées.

«Etremamanetavoirdesres-

ponsabilitésdanslesport,c’estcompliqué

,

confirme Stéphanie Noël, en charge du

hautniveauà laLigue francophoned’ath-

létisme.

Ilya lesréunions le soir, lescom-

pétitions leweek-end, sans oublier lesdé-

placementsà l

’étranger.Si

j’ysuisarrivée,

c’estgrâceau soutien età l’aidedupèrede

mes enfants. En fait, c’est un choix de

couple!»

Un choix qui, au vu des chiffres, pour-

raitêtrepluspartagé.Beaucoupplus…

PHILIPPEVANDEWEYER

Les femmes, parents pauvres

L’égalité hommes-femmes,

en sport, reste encore trop

souvent un vœu pieux, surtout dans son administration.

En Belgique, les choses bougent.

Mais très (trop) lentement.

11

LeSoir

Vendredi31mars2017

LA

SOCIÉTÉ

11

ENTRETIEN

S

ociologueetmaîtredeconfé-

rences à l’Université Paris-

Est Créteil, responsable du plan

de féminisationau seinduCAde

la Fédération française

dehandballaprèsavoir

été handballeuse de

haut niveau et prési-

dente du club d’Ivry

(2008-2012), Béatrice

Barbusse est aussi l’au-

teur d’un ouvrage qui

évoque le machisme

dans le sport (1). De

quoiavoirunavisauto-

risé sur l’absence des

femmes

aux

plus

hautes responsabilités dans les

fédérations sportives.

Les hommes cèdent, dites-

vous, difficilement leur place

dans les milieux sportifs…

C’est vrai, mais ce n’est pas ex-

clusif au monde du sport.

Même si les fonctions qu’ils oc-

cupent sont le plus souvent bé-

névoles, elles sont entourées de

gros avantages, symboliques et

parfoismatériels.Vousdevenez

«quelqu’un» en étant pré-

sident d’un club, même locale-

ment. C’est difficile de laisser

sa place. Mais si on veut que

des femmes arrivent à des

postes à très haute responsabi-

lité, il faudra bien que les

hommes la leur cèdent. S’ils s’y

accrochent pendant des décen-

nies, ce sera difficile d’y arri-

ver…

Vous ajoutez aussi qu’une

femme doit forcément être

beaucoup plus compétente

qu’un homme pour faire son

trou dans le monde du sport…

Absolument, mais, là aussi, on

voit ça dans d’autres milieux.

Elle y est obligée parce qu’il y a

un a priori d’incompétence,

une suspicion qui est souvent

présente dans la tête de tout le

monde.Quandune femmeveut

avancer, elle est obligée, plus

qu’un homme, de montrer sa

valeur, de ne jamais faire d’er-

reur, de dire des choses bien

pensées et argumentées quand

elle prend la parole alors que

les hommes peuvent se per-

mettre de le faire sans avoir lu

un dossier. J’ai pu m’en rendre

compte ces dernières années!

Etes-vous pour les quotas, pour

la discrimination positive?

Je ne l’étais pas il y a une di-

zaine d’années mais mon vécu

me laisse hélas à penser qu’on

n’a pas le choix. Si on veut que

des femmes arrivent à des

postes à responsabilité, il n’y a

pas d’autre solution que de

l’imposer par la loi, ce qu’a fait

la France depuis 2014. On va

sans doute dépasser la barre

des 30% d’élues dans les

conseils d’administration des

fédérations françaises cette an-

née alors qu’on vient de 22%.

Les gens ont râlé un peu mais

çavadans le sensde la loi etde

l’histoire. Et il viendra un

temps où on n’en aura plus be-

soin, où ce sera entré dans les

mœurs et où on pourra passer

à autre chose.

Quand on interroge les fédéra-

tions sur l’absence de femmes,

elles disent qu’il y a un

problème pour trouver

des volontaires…

Il n’est inscrit nulle

part que les hommes

sontplusaltruistesque

les femmes! Ilyaplein

de femmes bénévoles

dans les clubs mais on

les retrouve derrière le

bar en train de servir

ouà s’occuperdes équi-

pements, des enfants,

etc. Donc, elles sont là, pré-

sentes. Simplement, on ne leur

demande pas si elles ont envie

d’avancer. On ne les voit pas,

c’est ça le problème. Ce n’est pas

du machisme ou du sexisme

volontaire, c’est beaucoup plus

pernicieux, plus complexe que

cela. Et puis, si on voit moins

les femmes, c’est aussi lié à l’or-

ganisation du travail domes-

tique. Tant que les hommes et

les femmes ne se les partage-

ront pas, ces dernières seront

davantage prises par leur

foyer, c’est une évidence. Il fau-

dra passer par une révolution

culturelle.

Comment voyez-vous l’avenir

pour les femmes dans la

direction du sport?

De façon très positive, parce

que les «premières fois» sont

de plus en plus fréquentes. On

casse des barrières invisibles,

desplafondsdeverredeplus en

plus. Sur le terrain et dans la

pratique, déjà, on a gagné. Les

femmes ont le droit de faire

tous les sports qu’elles veulent.

En revanche, là où les choses

vont être beaucoup plus lentes,

c’est dans des fonctions d’en-

traîneur, arbitre ou dirigeant.

Si on ne passe pas par des quo-

tas, le cheminement risque d’y

être encore très lent.

Au XXI

e

siècle, tout cela n’est-il

pas désolant?

Ce qui me choque dans tout ça,

c’est que c’est totalement

contradictoire avec ce dont le

sport se réclame, ces notions de

valeurs, de respect, d’égalité, de

générosité, de partage, de lo-

gique méritocratique selon la-

quelle tout le monde peut y ar-

river à la force de son talent et

de son travail. Si c’était le cas,

on devrait avoir une distribu-

tion parfaitement équilibrée

entre les hommes et les femmes.

Mais ce ne l’est pas et c’est donc

la preuve que quelque chose ne

va pas. Cela veut dire qu’on

nous a menti et que ces valeurs

qu’on nous a vantées ne sont

qu’incantatoires et complète-

ment illusoires en réalité. C’est

ça qui me dérange, ce décalage

entre les discours et la réali-

té…

Propos recueillispar

PH.V.W.

(1)

Du sexisme dans le sport

,264pages,

EditionsAnamosa.

l’experte

« Pour les femmes,

il y a un a priori

d’incompétence »

Béatrice

Barbusse.

©D.R.

les garçons prennent toute la place

pendant que les filles rasent les

murs.»

LaurenceRaseessaied’apporter,

avec les moyens qui sont les siens,

sa pierre à l’édifice d’un rééquili-

brage dans son biotope en inté-

grant du personnel féminin dans

son staff quand celui-ci a prouvé

leurvaleur.

«Il faut que les femmes sai-

sissent leur chance et moi j’essaie

de les aider. A compétence égale, je

prendsune femme

, explique-t-elle.

Je n’ai pas encore trouvé d’entraî-

neur mais j’ai déjà intégré une ki-

né en équipe nationale. Elle a été

acceptée par tous. De toute façon,

les gars qui l’auraient remise en

question, je leur aurais mis un

coup de pied au c… Dites-moi

pourquoi ce sont toujours les

femmes qui devraient accepter de

se fairemasserparunhommesans

broncher!»

Ph.V.W.

29,1%

Il y a 34 femmes sur 271

administrateurs

parmi les 27 fédérations

nationales des sports

olympiques belges.

Soit 12,5 %.

11,9%

Il y a 97 femmes

sur 333 administrateurs

parmi les 29 fédérations francophones

de sports olympiques. Soit 29,1%.

Il y a 33 femmes sur les 278 administrateurs

des 28 fédérations flamandes

de sports olympiques. Soit 11,9 %.

Retrouvezendétail les infographies

numériquesdes32 fédérations

des sportsolympiques

surplus.lesoir.be

Nombre de femmes dans les CA

des fédérations sportives belges

Athlétisme

Basket-ball

Bobsleigh/skeleton

Cyclisme

Football

Gymnastique

Hockey

Natation

Patinageartistique

Tennis

Féd.nationale

Féd. francophone

Féd.néerlandophone

16,6%

0%

0%

0%

0%

0%

0%

-

30,7%

27,2%

75%

69,2%

8,3%

26,9%

26,0%

30,0%

66,6%

36,3%

11,1%

11,1%

33,3%

40,0%

42,8%

22,2%

8,3%

18,1%

25,0%

12,5%

LESOIR -29.03.17

Nombred’administrateurs fémininsen%

du sport belge

12,5%