Persoverzicht mei 2020

22 22 LUNDI 4 MAI 2020 Espoir sportif international Adeps et LBFA (grâce à ses 5191 points au pentathlon, elle a terminé 2019 dans le top 40 mondial chez les juniores), la jeune Vinalmontoise (19 ans) n’a malheureusement pas pu continuer sur sa lancée. Aujourd’hui, bloquée chez elle, confrontée au confine- ment et à la fermeture de sa piste d’entraînement, ne béné- ficiant pas du passe-droit oc- troyé à seulement 177 élites sportives francophones, elle s’entraîne avec les moyens du bord. « J’ai pu ramener chez moi quelques instruments qui me permettent de rester malgré tout active », explique-t-elle. « Quelques haies, des haltères, un poids, un tapis… J’arrive à m’entraîner quasi deux fois tous les jours de la semaine. Ce n’est pas le top, notamment parce que mon entraîneur n’est pas là pour diriger la séance, corriger certains gestes. Mais bon, il faut faire avec…» DES ENTRAÎNEMENTS PAS TOUJOURS ÉVIDENTS Concrètement, Cassandre court beaucoup (« De la course de côte, de l’endurance, des 30-30 – alternance de demi- minutes en mode rapide, puis enmode lent »), fait pas mal de gainage, puis essaie de tra- vailler toutes les disciplines des épreuves multiples. Si on prend celles-ci et qu’on lui demande pour chacune une cote de 0 à 10 (0 = condi- tions d’entraînement de rem- placement exécrables, 10 = conditions d’entraînement normal), voici ce que cela donne : –100 haies : « 5 sur 10. Je fais cela sur la route, avec les quelques haies que j’ai pu ra- mener chez moi. C’est moyen. Je n’ose pas bien engager sur l’obstacle. La peur de tomber sur l’asphalte, sans doute…» –Hauteur : « 2 sur 10. Je fais juste des bonds et de la plio- métrie. Sans sautoir, c’est com- pliqué. » –Poids : « 8 sur 10. Je lance dans du gravier » –200m : « 7 sur 10. Je fais des sprints en côte. Maintenant, pour la technique, notam- ment le virage, ce n’est pas la même chose, évidemment…» – Javelot : « 6 sur 10. J’ai un javelot, mais pas d’aire de lan- cer adaptée. Cela se passe dans mon jardin, qui est trop petit pour que je lance à fond. » –Longueur : « 5 sur 10. Je fais des bonds. Je n’ai malheureu- sement pas de bac à sable pour faire de vrais sauts. » –800 m : « 7 sur 10. Je cours pas mal en ce moment ». Au-delà de l’aspect technique, il y a l’aspect mental qui joue. Comment sortir intact de cette période inédite ? « Au début du confinement, cela allait encore », indique-t- elle. « Je pensais, sans doute comme beaucoup de gens, que cela n’allait pas durer. Maintenant, cela devient long. Ne plus s’entraîner avec les amis, c’est difficile. Heureuse- ment, Vincent, mon entraî- neur, a mis en place 3 séances hebdomadaires de muscula- tion en appel vidéo. On a un peu l’impression que c’est un entraînement de groupe nor- mal. On s’encourage, on se fait rire… L’école aussi, ce n’est pas évident (NDLR : Cassandre étudie la kiné au Barbou, à Liège). Comme c’était ma pre- mière année, j’étais déjà dans l’inconnu au niveau des exa- mens. Maintenant, avec ce confinement, je suis encore plus dans l’inconnu. Et enfin, moi qui suis à la base une per- sonne de fort sociable, ne plus voir ses amis, ne voir quasi personne en fait, oui, c’est dif- ficile…» LA SUITE ? « Je n’en sais trop rien, évidem- ment », répond Cassandre. « De nouvelles mesures vont sans doute entrer en applica- tion pour l’athlétisme au ni- veau des entraînements, c’est bien. Mais pour les compéti- tions, c’est toujours l’incerti- tude. Pour l’international, c’est clair que c’est raté. Je vi- sais les Mondiaux juniors de Nairobi en juillet, mais ils ont été reportés. En Belgique, on va voir comment cela va se passer. Nous n’avons aucune date. Aucune certitude…Peut- être vais-je me focaliser sur un décathlon en fin de saison, comme celui que j’avais fait l’an dernier…» - ERIC VERSCHUEREN A la maison, Cassandre Evans garde la forme. © EV C assandre Evans (Huy Ac) n’a plus participé à une compétition depuis décembre 2019. La faute à une grosse entorse pour le début. Puis, évidemment, au Covid 19. Voici son quotidien, pour garder malgré tout le cap. Cassandre Evans nous parle de son confinement : le temps devient clairement long pour la Hutoise ATHLÉTISME « Au début, cela allait encore…» Vincent Delcros est l’entraîneur de Cassandre Evans. S’il est satisfait du travail « confinement » de son athlète (« Elle se débrouille bien avec les moyens du bord »), il est clair que la situation ne l’enchante vraiment pas. « L’incertitude est difficile à vivre », explique-t-il. « C’est l’absence de compétitions qui est le plus préjudiciable. Celles-ci sont pour moi, entraî- neur, autant de jalons qui me per- mettent de mesurer les progrès de l’athlète. J’ai besoin de repères pour voir si le travail était adéquat et s’il a bien été intégré. Et l’ath- lète à besoin de sentir qu’il pro- gresse…» De regretter aussi que Cassandre n’ait pas l’occasion de se rendre à Louvain-la-Neuve pour s’entraîner avec les élites ou à Hannut, pour simplement pou- voir s’entraîner dans la salle du stade Gustin. « Elle est espoir spor- tif international, juste en-dessous des 177 élites qui ont une déroga- tion qui leur permet de s’entraîner quasi normalement. Maintenant, peut-être qu’à la date du 4 mai, ce sera plus facile…» D’insister enfin sur le danger de pareille période, qui soumet à rude épreuve le mental de tout le monde, en parti- culier des sportifs d’élite. « Le risque est réel de voir une carrière s’éteindre », termine-t-il. « L’athlète peut craquer mentalement. Connaître une énorme baisse de motivation. Il faut aussi surveiller cela, même si pour Cassandre, le risque est moindre. » - EV « Le plus dur est de ne pas savoir où on va » L’avis de l’entraîneur Il est bien difficile pour les respon- sables fédéraux et des ligues d’une discipline sportive d’avoir une vue à moyen terme sur le début des compétitions de la future saison en raison de ce satané Covid-19. La Ligue francophone de volley a pourtant déjà annoncé que les compétitions ne reprendraient pas avant le 1 er janvier 2021. Une an- nonce qui a suscité pas mal de ré- actions. C’est notamment le cas du secrétaire général de l’Union Royal Belge de Handball et de la Ligue francophone, Patrick Garcia. « Je trouve qu’il s’agit d’une décision prématurée avec une échéance aussi tardive. Lundi dernier, les fé- dérations francophones ont eu une vidéoconférence avec Ma- dame Valérie Glatiny, Ministre du Gouvernement Wallonie- Bruxelles en charge des sports, et avec les experts. Elle nous a de- mandé de lui fournir rapidement un plan de déconfinement en plu- sieurs étapes. Nous avons chargé notre directeur technique, Johan Vandeberg de le réaliser et il l’a transmis au Cabinet de la Ministre et à l’ADEPS. » Le S.G. ajoute : « Pour notre part, nous mainte- nons notre manière de travailler. Jusqu’à présent, le plan des diffé- rents championnats diffusés der- nièrement est maintenu mais nous l’adapterons en concertation avec la Ligue néerlandophone en fonction de l’évolution de la pan- démie. » Pour rappel, les compétitions de- vraient débuter le week-end des 5 et 6 septembre au niveau de la BeNe-League, des nationales mes- sieurs (Amay) et de la 1 re division féminine. « Le handball étant un sport de salle et de contacts, nous devrions reprendre les compéti- tions parmi les dernières fédéra- tions. Il faut aussi tenir compte d’une préparation de quatre à cinq semaines avant le coup d’en- voi. Aussi, personnellement, je pense qu’on ne devrait pas revoir des matches de jeu à 7 avant le mois d’octobre. » Une chose est sûre : priorité absolue à la san- té ! - PAUL MONET Pas de reprise avant octobre ? HANDBALL Amay devra patienter. © Y.A Alors que la Fédération Volley Wallonie-Bruxelles (FVWB) a an- noncé que la reprise des cham- pionnats s’effectuera le 1er janvier 2021, la Fédération nationale (Vol- ley Belgium) et l’aile flamande (Volley Vlaanderen) estiment, elles, que tout pourrait être en place pour fin septembre. Difficile de s’y retrouver au cœur de cette crise sanitaire qui bouscule nos certitudes. La période que nous vivons est an- goissante à plus d’un titre. Les in- formations contradictoires se suc- cèdent à une vitesse folle ; pas de masques puis masques obliga- toires, maladie pulmonaire puis vasculaire, pangolin, labo, bref une cacophonie dont on pourrait rire, si elle n’était pas tragique. Au niveau du sport c’est la même chose, football à huis clos, Tour de France en août et en septembre, sans aucun spectateur… Dans ces notes dissonantes, le vol- ley belge vient de s’illustrer à son tour. Jeudi soir le CA du volley francophone, la FVWB, décidait d’une reprise des championnats en janvier 2021, mais très vite cer- taines provinces faisaient marche arrière et se donnaient le temps de la réflexion. La fédération natio- nale et la fédération flamande, quant à elles, annonçaient samedi une reprise possible en sep- tembre… Le président provincial, le Liégeois Philippe Achten, com- prend les arguments des uns et des autres. « Le volley de haut niveau n’échappe pas au fait que le sport d’élite en général tient compte de certaines réalités économiques. Il faut être conscient et réaliste et s’accorder, la Ligue et la Fédé réflé- chissent donc à des propositions concrètes », nous dit-il, en restant optimiste par rapport à cette nou- velle saga et en relevant que la si- tuation actuelle est intenable pour les clubs. « Ceux comme Mor- troux, Thimister, Waremme, Au- bel et St Jo Welkenraedt alignent des équipes en jeunes, en provin- ciales, en promotion et en natio- nales… Certains de leurs joueurs ou joueuses participent à deux ou trois de ces compétitions…» DÉCLARATION PRÉMATURÉE Il est clair, pour tout le monde, que l’annonce de la Fédération francophone et de son président Van Daele était prématurée et maladroite. Le Président de la Ligue Pro, le Liégeois Philippe Boone, en est bien conscient. « C’est une décision qui finale- ment concerne uniquement la promotion, soit le cinquième ni- veau. Certains clubs sont en pleines négociations avec des joueurs, des sponsors, vendent leurs abonnements ; annoncer ce report était franchement prématu- ré. Je rejoins l’analyse de Philippe Achten : pour recommencer, il faut attendre 6 semaines après la réouverture officielle des salles, il faut privilégier la santé. Deux conditions préalables qui dé- pendent des autorités », avance-t- il. « On est bien d’accord avec la Ligue nationale sur ces deux points et on a donc avancé la date du 26 septembre pour une reprise idéale et une fin de championnat le 18 avril car ensuite se profilent les tournois internationaux puis les Jeux. On a ensuite prévu un plan B et un plan C pour nous adapter aux circonstances et par exemple changer nos formules de championnat. Actuellement on part sur deux poules de 4 équipes. Waremme sera versée dans celle de Maaseik, Achel et Louvain. Gui- bertin n’a toujours pas demandé de licence et, au vu de la situation, c’est normal », conclut Philippe Boone qui ajoute également qu’il planche avec ses collaborateurs sur un règlement particulier avec des quarantaines possibles, le tes- ting des joueurs, l’imposition d’avoir 9 joueurs, dont un pas- seur… « « Car on ne sait pas com- ment le marché des transferts va se comporter. » Comme le président Achten, il at- tend également des propositions créatives, jouer en dehors des 3 mètres, par exemple. « Mais il est évident que nous sommes tous dans le même bateau que le hand- ball et le basket, notam- ment. » - PHILIPPE HALLEUX La cacophonie du volley belge VOLLEY Philippe Achten. © P.H

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